Profitons des 230 ans de définition de notre emblème national pour mettre en valeur l’histoire de ce pavillon et de notre drapeau tricolore.
Avant de commencer, rappelons ici d’abord qu’il faut distinguer, en termes de vexillologie (études des drapeaux et pavillons), un « drapeau » (emblème terrestre) d’un « pavillon » (emblème maritime).
Rappelons ensuite de notre emblème et notre drapeau national bleu-blanc-rouge n’ont absolument pas été adoptés lors de la Révolution française ! Il faut en effet attendre l’année 1830 pour que le drapeau tricolore soit adopté sans interruption par la France. Ainsi, qu’y avait-il donc avant 1830 ?
Avant 1830, le bleu, le blanc et le rouge étaient trois couleurs particulièrement utilisées sous la royauté. Certains s’amusent, encore aujourd’hui, à attribuer à ces couleurs des significations particulières (et même parfois tirées par les cheveux). Je ne les exposerai pas toutes, mais en voici quelques exemples :
Le BLEU de notre drapeau actuel renverrait au bleu de France, que l’on peut retrouver en azur sur les armes de France, accompagné de fleur de lys, plus ou moins nombreuses selon les temps.
Le BLANC renverrait, lui, au pavillon blanc utilisé par les troupes navales françaises de 1638 jusqu’en 1790. Alors que les galères utilisaient un pavillon rouge et les navires marchands un pavillon bleu à la croix blanche.
Le BLANC renverrait également au roi. Il est vrai que le blanc est une couleur très royale, si l’on peut dire. Elle est utilisée de longue date par les rois mais encore aujourd’hui par les monarchistes. Pensons, par exemple, aux écharpes :
Le ROUGE pourrait quant à lui renvoyer notamment à l’oriflamme de Saint-Denis, qui était l’étendard du roi de France en temps de guerre.
Au-delà de ces symboliques et significations supposées, ce qui est certain, c’est que les premières association des trois couleurs pour donner un emblème français bleu-blanc-rouge se retrouve déjà au XVIIe siècle. Citons par exemple le drapeau d’ordonnance du Régiment de Poitou, celui des Compagnies franches de la marine ou encore de la Nouvelle-France.
Sous la Révolution française, l’accaparation par les révolutionnaires des trois couleurs serait due à La Fayette, qui aurait eu l’idée d’ajouter le blanc (= couleur de la France ou du royaume) à la cocarde rouge et bleu alors en usage.
A partir de 1789, les trois couleurs se retrouvent sur différents emblèmes, mais de diverses façons fantaisistes selon l’usage de l’époque, sans ordre défini pour les couleurs. A commencer par la garde nationale :
Ou encore les fêtes révolutionnaires, où les couleurs se retrouvent dans des ordres différents, comme à : – la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 – l’exécution de Louis XVI – la Fête de l’Être Suprême :
L’année suivante, on peut dire que les choses commencent à se structurer. Par un décret du 20 mars 1790 de l’Assemblée nationale, le bleu, rouge et blanc apparaît sur l’écharpe tricolore des officiers municipaux en fonction :
Côté militaire, les 3 couleurs sont proposées le 20 octobre 1790 par le comte Henri de Virieu. Le lendemain, l’Assemblée nationale adopte le premier pavillon national ordinaire de poupe : blanc (couleur de la France) portant un canton à 3 bandes verticales rouge, blanche et bleue.
Côté de l’Armée, les trois couleurs sont souvent utilisées de façon fantaisistes elles aussi :
C’est le 15 février 1794, soit quatre ans après le premier pavillon national, que la Convention décrète que le pavillon national « sera formé des trois couleurs nationales, disposées en bandes verticalement, de manière que le bleu soit attaché à la gaule du pavillon, le blanc au milieu et le rouge flottant dans les airs ».
Le pavillon de marine sera installé au palais des Tuileries quand le premier consul Bonaparte y prit résidence le 19 février 1800. Mais peut-on parler pour autant de drapeau national ? Non.
Côté militaire, sous le premier Empire, les trois couleurs dominent toujours mais pas toujours en trois bandes. Il faut attendre 1812 pour que les trois bandes verticales deviennent officielles pour les drapeaux carrés militaires.
Avec les changements de régime, on connaît des modifications (on ne rentrera pas ici dans les détails). Après la Révolution de juillet, Louis-Philippe duc d’Orléans rétablit le drapeau tricolore par ordonnance du 1er août 1830. Et il ne bougera pas jusqu’à nos jours.
Alors, si j’ai dit que depuis 1830 le drapeau n’a pas bougé, notons qu’entre le 28 février et le 7 mars 1848, un arrêté signé de Marc Caussidière, délégué de la République au Département de la Police, prescrit un drapeau bleu-rouge-blanc sur les monuments et établissements.
Mais les protestations furent telles que le drapeau national fut vite rétabli partout. Merci à Lamartine qui a aidé en ce sens.
Et pour finir ce mini-article, je n’aurais que ces mots : « Vive la France, vive son drapeau, vive celles et ceux qui le servent quotidiennement ! »